De 2014 à 2019, les travailleurs belges qui continuaient à travailler de manière systématique alors qu’ils étaient malades étaient de moins en moins nombreux (de 20 % à 10 %). Le spécialiste des ressources humaines Securex observe néanmoins une tendance inverse depuis le début de la crise sanitaire. En effet, une étude menée auprès de plus de 1500 travailleurs belges en automne 2021, démontre qu’environ 14 % d’entre eux continuent de travailler malgré une maladie, ce qui correspond à une augmentation de 41 % par rapport à 2019 !

Les travailleurs malades qui suivent cette tendance nommée « présentéisme structurel » ne transmettent aucun certificat médical à leur employeur et poursuivent leurs activités au sein de l’entreprise ou à distance.

« Poursuivre ses activités professionnelles malgré une maladie n’est en soi ni positif ni négatif. Le repos, comme l’activité, peuvent accélérer un rétablissement, mais tout dépend de la situation médicale et du contexte professionnel. Toutes les études démontrent néanmoins que le présentéisme nuit à la santé des travailleurs. Ces derniers récupèrent peu, ce qui accroît les risques de burn out ou d’autres soucis de santé », explique Heidi Verlinden, responsable des projets de recherche chez Securex.

Un lien évident entre présentéisme et santé physiologique et psychologique

Travailler de façon systématique malgré une maladie peut impacter de plusieurs manières le corps et l’esprit. L’étude réalisée par Securex démontre qu’il existe un lien évident entre cette pratique et le fait de développer différents problèmes physiologiques et psychologiques.

Plus de 500 travailleurs qui ont participé à l’étude et qui pratiquent le présentéisme structurel ont déclaré avoir souffert de soucis psychologiques (stress, dépression…) durant l’année qui a précédé cette enquête.

Un lien a aussi été démontré sur le plan moteur puisque 53,5 % des travailleurs qui pratiquent le présentéisme souffrent de soucis d’ordre musculaire, articulaire ou osseux (mal de dos, à la nuque, fractures d’un membre…) contre 31 % des travailleurs qui refusent de travailler quand ils sont malades.

Les différentes causes qui amènent les travailleurs à pratiquer le présentéisme

Les experts de Securex sont parvenus à définir le profil caractéristique des travailleurs qui pratiquent de manière très fréquente le présentéisme structurel. Ces individus sont des employés qui possèdent des qualifications supérieures, mais également ceux qui exercent leurs activités au sein du secteur privé et ceux qui travaillent dans des micro-entreprises qui comptent jusqu’à cinq travailleurs.

Afin de comprendre les motifs qui peuvent favoriser la pratique du présentéisme structurel, Securex a réalisé plusieurs autres études approfondies. Celles-ci ont démontré qu’il existe trois causes essentielles qui incitent les gens à continuer à travailler malgré le fait qu’ils soient malades :

Cause n° 1 : Les travailleurs pensent qu’ils sont aptes à poursuivre leur travail

Hormis la capacité physique et psychologique à travailler malgré une maladie, le télétravail offre la possibilité de travailler chez soi en évitant d’infecter d’autres travailleurs.

Cause n° 2 : Ils ne veulent pas surcharger leurs collègues avec des tâches supplémentaires

Un certain nombre de travailleurs qui souffrent d’une maladie ne souhaitent pas accabler leurs collègues. Ils ressentent en effet une grande culpabilité à l’idée de leur confier le travail qu’ils ne peuvent pas traiter car ils craignent que ces tâches additionnelles provoquent chez eux un surmenage.

Cause n° 3 : La motivation de ces travailleurs est suffisante pour qu’ils poursuivent leurs activités

D’autres travailleurs déclarent être suffisamment motivés pour continuer à travailler. Cette motivation peut, selon les cas, s’avérer positive ou négative. Certains travailleurs pratiquent par exemple le présentéisme structurel à cause de pressions d’ordre professionnel.

Le télétravail responsable ?

« La démocratisation du télétravail pour éviter la propagation du coronavirus a généré également une croissance du présentéisme. Les travailleurs à distance qui souffrent d’une maladie se trouvent à leur domicile. Cet environnement leur permet de travailler de manière sereine et sécurisée, sans par exemple courir le risque de transmettre le virus à leurs collègues.